l’Agneau à Trois Pattes (ATP)
Chemin des Cornillons 9
1292 Chambésy
Les coups de coeur de l’Agneau à Trois Pattes (ATP)
Lambafell
Type : Ambrée
Arômes : Amples, céréaliers, doux
La brasserie de l’agneau à trois pattes est la petite dernière dans le célèbre club de l’ABIG (l’Association des Brasseurs Indépendants Genevois) qui lui confère désormais une notoriété digne des grands.
Alors n’écoutez surtout pas Arno et Till qui balancent à Bastien que leur dernier brassin est Bof et que son arrière-grand-mère aurait largement pu laver les guêtres de son cheval avec. Elle n’a jamais eu de cheval ! rétorquera Bastien.
Bref, la joyeuse bande d’agneaux ne se prend pas au sérieux, et c’est pourtant tout le contraire que l’on retrouve dans leur brassin. Alors faites-vous plaisir et étonnez-les en commandant une de leur bière !
Conciliabulle
Type : American Pale Ale
Arômes : houblons subtiles, légers et revigorants
La Conciliabulle fait l’unanimité et ça n’est pas un secret…
Elle met subtilement en avant les houblons qui font la caractéristiques de la famille des APA, tout en joignant à la fête un assemblage de céréales genevoises pour lui apporter fraîcheur et équilibre.
D’ailleurs, quand on demande aux Agneaux une « bière de soif » qui fédère pour nos festoyades, ils nous chuchotent souvent « Conciliabulle » dans les coulisses.
Pool Hop
Type : Double IPA
Arômes : Houblons intenses, floraux, puissants et amples
La double IPA c’est les caractéristiques de l’IPA à son apogée : double houblon, double malts, double saveurs… Attention de ne pas trébucher dans les escaliers à la sortie de ce chamboulement sensitif.
Le QUIZZ avec Bastien et Arno
Visite à la Brasserie le 18 novembre 2020: Interview de Bastien Quiquerez et Arno Guisselbaek
Est-ce que vous pourriez vous présenter, vous et votre brasserie ?
Arno – Nous on est la brasserie de l’Agneau à Trois Pattes, on a commencé à brasser de la bière en 2015. On s’est mis avec trois copains du collège et on a commencé, au tout début, par faire du cidre, parce que Till, le troisième Agneau, avait des pommes dans son jardin. Donc on a commencé comme ça, un peu par hasard. On s’est retrouvés avec des cuves de fermentation libre dès qu’on avait fini de faire le cidre, au bout de 4-5 mois de fermentation, et on s’est demandé ce qu’on pourrait faire de ces cuves. On est arrivés un peu par hasard sur la bière. Au début, c’est la brasserie de la Pièce qui nous a un peu initiés aux techniques de brassage (ce sont des copains à nous à la base) : ils nous ont montré les méthodes et on a commencé à faire de la bière en 2015, en plus du cidre. Aujourd’hui on ne fait plus que de la bière, notamment parce que les pommiers qu’on avait sous la main ne nous permettaient pas de faire un cidre exceptionnel. Bon, on dit pas que la bière est exceptionnelle, mais le cidre était clairement dégueulasse (rires). Donc voilà, depuis 2015 on fait surtout de la bière et on s’est passionnés pour la bière.
Bon, mais on s’est pas vraiment présentés individuellement, du coup… Tu veux commencer ? Je n’ai pas envie de commencer.
Bastien – Non merci.
Arno – Bon, alors on va présenter Till, qui est absent. Comme je disais, on était les trois ensemble au collège, et Till s’est passionné pour les panneaux photovoltaïques et il travaille dans l’énergie solaire. En général il est là le weekend pour brasser la bière avec nous. Après y a Bastien…
Bastien – Moi je suis accessoirement enseignant, un peu. Enfin, remplaçant longue durée. Et coursier à vélo. Donc il n’y a pas trop de lien avec la bière, à part le fait que du coup on livre à vélo. Sinon on est brasseurs à temps partiel, un bon temps partiel ; un temps partiel complet.
Arno – Je m’appelle Arno et je suis physiothérapeute à la base, et passionné de bière.
Pourquoi “l’Agneau à Trois Pattes” ?
Bastien – Alors ça c’est une vraie question… (rires)
Arno – On n’a pas encore réussi à y répondre…
Bastien – Exact ! Il y a deux visions, on peut vous faire la version grand public. L’idée c’est qu’on a commencé à faire de la bière au moment où c’était un peu mainstream de faire de la bière artisanale – ça le faisait de dire qu’on brassait de la bière -, donc on est quand-même un peu des moutons. Mais on était jeunes, donc plutôt des agneaux. Et on essaie de le faire à notre sauce, un peu différemment, donc on a trois pattes, pour montrer que même en étant bancals on peut peut-être arriver à faire quelque chose.
Arno – Mais on est quand-même un peu boiteux…
Bastien – Voilà. Après, la vraie raison est sûrement issue d’un apéro un peu trop fort. (rires)
Arno – On ne se rappelle plus exactement… (rires)
Bastien – Donc voilà l’histoire de la naissance de l’Agneau à Trois Pattes !
Est-ce que vous vous considérez comme des brasseurs, malgré le fait que vous ayez d’autres métiers et d’autres activités à côté ?
Bastien – Concrètement on fait de la bière, donc on est brasseurs, même si on reste une petite brasserie. Quelqu’un qui brasse dans sa cuisine est aussi brasseur.
Arno – C’est vrai que tout le monde est brasseur. Nous on brasse de la bière, on brasse aussi d’autres choses…
Bastien – … de l’air ! (rires)
Arno – Beaucoup d’air, et un peu de bière !
À votre avis, qu’est-ce qui explique cette explosion de micro-brasseries ces dernières années ?
Bastien – Je pense que c’est un courant qui vient des États-Unis, historiquement. Ils ont toujours eu énormément de micro-brasseries, et vu que l’Europe recycle souvent les idées venues des États-Unis, ça a fini par arriver chez nous.
Arno – Aux États-Unis, plus la culture de la bière est devenue lisse et industrielle, plus les micro-brasseries se sont développées rapidement. Dans d’autres pays, comme la Belgique, il y a une véritable culture traditionnelle de la bière, ce qui fait qu’il y a moins eu de micro-brasseries – ils avaient tellement de bières intéressantes à boire !
Bastien – Le marché d’Amérique du nord est envahi de bières sans goût, certaines à base de maïs, très plates… Les bières industrielles vendues en masse sont encore moins bonnes que les bières produites par les grosses brasseries européennes, à mon avis – c’est un avis personnel, bien sûr.
Qu’est-ce qui caractérise votre brasserie ?
Bastien – La stupidité… je pense qu’on atteint des sommets… (rires)
Arno – Il y a aussi les embûches, les auto-embûches ! (rires)
Bastien – Non, je pense qu’il y a d’autres choses, assez antagonistes : on n’est pas très rigoureux sur plein de choses (surtout moi), sauf quand on fait de la bière. Pour tout le reste, le but c’est de se prendre la tête le moins possible, notamment avec les clients, les politiques de prix ou le merchandising. Le seul truc où on est vraiment rigoureux c’est ce qu’on fait avec la bière : on a des recettes établies, on fait du mieux possible. Pour le reste, le but c’est de s’amuser. Le projet évolue, on ne s’ennuie jamais.
Comment est-ce que vous vous répartissez le travail ?
Bastien – Généralement, on se répartit le travail entre nous deux, étant donné que Till est ingénieur à 100% à Neuchâtel. En ce moment, vu qu’Arno veut sauver des vies, c’est plutôt moi qui m’occupe de la brasserie ; Arno me rejoint le samedi.
Comment est-ce que vous voyez la brasserie, demain ?
Arno – Demain c’est dimanche, on ne fait pas grand-chose… (rires)
Bastien – L’idée c’est de transformer la brasserie en association. On aimerait faire fusionner la brasserie avec une association, qui a été créée il y a une semaine, et ouvrir un brewpub et une brasserie à Genève, avec des buts sociaux, de réinsertion, de valorisation des produits locaux, et de l’évènementiel. C’est ça le futur de la brasserie, et on espère que ça fonctionnera !
On a un certain nombre de valeurs, qu’on aimerait mettre en avant dans ce projet. On livre déjà à vélo, pour éviter d’utiliser une voiture. On a une voiture, qu’on aimerait jeter dans le lac. Enfin, peut-être pas dans le lac, c’est pas très écolo… (rires) Le but c’est de suivre nos valeurs, quitte à se mettre dans la merde. Mais des fois nos valeurs sont dures à trouver. Et à suivre. C’est compliqué. Des dilemmes tous les jours, mais on essaie de faire au mieux.
Est-ce qu’il y a un pays de la bière, selon vous ?
Bastien – Moi je dirais l’Angleterre.
Arno – Moi je dirais le Danemark, avec Carlsberg, quand-même ! (rires)
Bastien – Ça c’est son côté patriote qui ressort !
Arno – Ouais, je suis pas objectif…
Est-ce qu’il y a une brasserie qui vous inspire ?
Bastien – Moi j’aime bien ce que fait la brasserie To Øl, des Dannois, eux aussi (ça veut dire “deux bières” en dannois). Ce ne sont pas vraiment des brasseurs, ils font brasser par d’autres brasseurs les recettes qu’ils ont imaginées. Ils sont très créatifs, et j’aime beaucoup les étiquettes qu’ils font.
Arno – Moi je dirais que c’est une petite brasserie anglaise, Padstow, qui se trouve en Cornouailles. La brasserie est toute petite, et ils ont une distribution encore très locale.
Bastien – (Et il a travaillé là-bas).
Arno – Ils font des belles bières, bien anglaises, dans le respect de leur tradition brassicole, et c’est beau.