Brasserie Glouglou
8 avenue du Devin-du-Village
1203 Genève
Les coups de coeur de la Brasserie Glouglou
La Rouste
Type : Rousse
Arômes : Maltés, frais, désaltérants
Une bière d’une belle couleur rousse, à la fois goûtue et désaltérante, élaborée par Christian.
La brasserie Glouglou, c’est la brasserie du coin de la rue, celle où l’on passe le vendredi soir pour prendre des binches pour le week-end, où l’on sera toujours bien reçu au milieu d’une déco dingue, digne d’un film de Jean-Pierre Jeunet dans la période nonante.
La Brelette
Type : Blonde de caractère
Arômes : Céréaliers, fruités
On pourrait croire que c’est l’anagramme de la Bretelle, mais pas du tout.
On pourrait croire que c’est un jeu de mot…
On pourrait croire aussi que c’est une ambrée, mais que nenni.
C’est juste l’association de 3 malts, orge, avoine et blé, qui confèrent du caractère à cette bière blonde.
La Clak
Type : Blonde Triple
Arômes : Intenses, fruités
« Vous reprendrez bien une Clak ? »
« Avec plaisir, et aussi forte que la première. »
Puisque c’est une blonde qui tire à 8%, c’est un breuvage intense, long en bouche, réservé aux averti·e·s.
Le QUIZZ avec Christian
Visite à la Brasserie le 21 novembre 2020: Interview de Christian Andersen
Association HoublonNous : https://houblonnous.ch/
Est-ce que tu peux te présenter ?
Brasserie Glouglou, je m’appelle Christian Andersen, j’ai créé cette brasserie à Saint-Jean il y a six ans. Six ans que je suis établi à Saint-Jean en essayant de développer cette brasserie à taille humaine, qui travaille surtout sur l’économie d’énergie, le recyclage, la seconde main, l’auto-construction…
T’as commencé comment cette aventure ?
Avant d’être ici j’avais commencé à la maison, ou chez des amis à la campagne (je brassais de la bière dans le jardin), pour me familiariser avec les matières premières. Avant ça j’avais tout un bagage parce que j’avais étudié la fermentation ; je faisais des vins à partir de macération de plantes, de fruits sauvages… J’ai donc d’abord étudié la fermentation, puis je me suis lancé dans la bière et je me suis familiarisé avec les matières premières pour faire de la bière.
Quel style de bière fais-tu ?
Mon style c’est entre les bières allemandes et belges. Je ne fais pas de bières très amères, type IPA et compagnie, je fais plutôt des bières de grain. Je compose mes recettes avec plein de mélanges de malts différents, ce qui donne vraiment le goût du grain. C’est ça que je mets en avant. Je mets aussi du houblon, que je cultive moi-même maintenant, mais le houblon est là pour accompagner le grain, il ne prend pas le dessus comme c’est le cas dans les IPA.
Il y a eu un véritable boom des petites brasserie à Genève ces dernières années. À quoi est-il dû ?
C’est un peu une mode, on a mis en avant qu’on pouvait faire de la bière à la maison, il y a beaucoup d’entreprises qui ont vendu des kits pour faire de la bière à la maison, ce qui a tout à coup rendu la chose accessible. Avec les matières premières et la qualité des levures qu’on a aujourd’hui, t’achètes ton kit et tu fais de la bière à la maison, et t’arrives à un résultat, si tu étudies un minimum. Ça part pas mal de ça en fait : les gens font de la bière, et après s’ils chopent le truc, la passion… après il faut être aussi très méticuleux, très carré, très soigneux, étudier les règles d’hygiène et tout ça, mais passé ce cap-là, il y a beaucoup de gens qui commencent à faire de la bière. Il faut dire que c’est un produit qui se vend bien ! Mais pour arriver à une vraie production, c’est encore une autre étape. Je pense que l’accessibilité de ce produit, qu’on peut faire à la maison en obtenant rapidement un résultat, on se dit “la bière ça marche, les humains en boivent, je me lance là-dedans !”. Mais il n’y en a pas non plus “plein” qui se lancent vraiment dans une entreprise, qui produit des quantités qui permettent assez d’entrées d’argent pour pouvoir dégager des salaires, comme une vraie entreprise avec quelques personnes rémunérées.
Toi tu as quand-même une caractéristique qui n’est pas courante chez les brasseurs genevois : tu produis ton propre houblon…
Moi j’aime le rapport direct à la nature. Avant je faisais de la vinification de cueillettes que je faisais dans la nature. La bière, c’est du malt : c’est préparé, c’est assez technique… je me suis pas encore lancé là-dedans. Tandis que le houblon… Je faisais une bière avec du houblon sauvage que j’allais cueillir dans la nature, et de fil en aiguille, à force de dire autour de moi que ce serait cool de cultiver mon houblon parce que je me sens à l’aise avec les plantes, avec l’idée de faire pousser du houblon, un jour une personne que j’ai connue à travers un ami a trouvé l’idée cool, et m’a proposé de me mettre à disposition un terrain à Mategnin, sur la commune de Meyrin, que je paie en bière chaque mois. C’est comme ça que j’ai commencé à cultiver mon houblon. Bon, c’est un autre délire, c’est énormément de travail. D’autres brasseurs ont quelques plants de houblon, mais moi je me suis lancé dans un truc qui devrait normalement produire assez pour toutes les bières que je fabrique, à cette échelle-là. C’est une démarche pour être proche de la nature, même si au niveau de la rentabilité on est à -10 ! (rires) Mais c’est une fois que tu te lances dans ce genre d’expérience que tu te rends compte du nombre d’heures de travail que ça représente ! Du coup j’ai créé une association qui s’appelle HoublonNous autour de cette houblonnière, et qui vise à mettre en avant cette plante et sa culture, et à faire de cet endroit un lieu d’expérimentation, une expérience pilote autour de la culture du houblon : c’est une expérience thérapeutique pour les gens qui viennent passer des demi-journées ou journées là-bas pour me donner un coup de main, ils travaillent avec les plantes, ils sont dans la campagne… Donc voilà, on essaie de créer un truc thérapeutique pour les humains autour de la plante : vu que la rentabilité n’est pas au rendez-vous, on essaie d’en faire autre chose.
Tu parlais d’économie d’énergie au début. On sait que la production de bière est énergivore : qu’est-ce que tu as mis en place, dans ta brasserie, pour diminuer ta consommation en eau, en électricité… ?
Oui c’est juste, la bière est très énergivore. Quand j’ai commencé à faire de la bière en grandes quantités, j’ai pris du recul, comme je fais toujours dans la vie en général, pour réfléchir à comment on fait les choses à notre époque. En l’occurrence, une brasserie c’est plein de bruits, de machines, de moteurs, d’électricité qui tourne… Ça implique, en plus, de gros investissements car les machines coûtent très cher. Du coup, je me suis dit que j’allais essayer de faire avec les moyens du bord, et partout où je peux économiser un moteur, avec une installation qui aurait le même rendement sans électricité, je le fais. Par exemple, je concasse mon malt, mon grain, avec un vélo : c’est une machine à concasser qui, au lieu de fonctionner avec un moteur électrique, fonctionne grâce à un vélo. C’est une autre approche, c’est un voisin qui vient pédaler, mais cette installation a le même rendement qu’une machine, qu’un moulin qui coûterait 2’000 francs. L’idée c’est d’économiser partout où je peux, avec des trucs qui sont équivalents, en terme de performance, à une machine. Ce qui fait qu’au bout du compte, après une année, je regarde ma facture d’électricité j’ai quand-même beaucoup moins de dépenses d’énergie. Je consomme l’électricité d’une famille nombreuse, on va dire. Mises bout à bout, toutes ces petites installations font des économies d’énergie. Il y a une autre motivation à ce choix : je préfère personnellement travailler dans une ambiance sereine, et être épanoui avec ma matière. Par exemple, c’est pas un moteur qui brasse à ma place. De toute façon ça ne peut pas aller plus vite, c’est pas parce que j’ai un moteur que ça ira plus vite, ça prend le même temps. Donc en fait je brasse, ou alors c’est la personne qui vient travailler avec moi qui brasse, et on travaille dans un environnement calme, serein. C’est super agréable. On brasse à la main, c’est assez zen comme activité, c’est agréable, ça permet de canaliser un peu nos pensées…
Après il y a d’autres éléments : mon installation est en escalier, ce qui me permet d’économiser une pompe à chaque étape. À un moment donné, dans le processus de fabrication, je dois remonter le moût pour faire une nouvelle cuisson dans la cuve du haut, et là j’utilise une pompe manuelle, dédiée à l’alimentaire (pour le côté hygiénique), qui est très performante et qui a un bon débit (100 litres en 2 minutes).
Ce sont ces petites choses qui participent à travailler dans un environnement calme, comme dans la nature. Il y a encore plein de choses que j’aimerais développer au niveau écologique, pour chauffer l’eau, par exemple : j’aimerais une installation solaire, avec des échangeurs thermiques qui permettent de préchauffer l’eau (en plein été ça peut la chauffer à 80 degrés facilement). C’est une manière de préchauffer l’eau qui est complètement gratuite, une fois qu’on a amorti l’installation. Ça permet de grosses économies d’énergies, mais ça demande des financements, des autorisations, et à Genève c’est hyper compliqué.