Domaine de la Vigne Blanche
Route de Vandoeuvres 13
1223 Cologny
Les coups de coeur du domaine de la Vigne Blanche
Riesling x Sylvaner
Vin blanc
Cépage : Riesling Sylvaner
Arômes : Piquants, frais, agrumes
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas un assemblage qui accompagne bien la choucroute, mais bien un seul et même cépage que l’on apprécie à l’apéro comme au repas.
il s’agit même d’un des cinq cépages les plus plantés en Suisse. Et si vous n’en avez jamais entendu parler avant, c’est aussi parce qu’il est quand même plus présent chez nos voisins germaniques qui l’apprécient à sa juste valeur. Alors une fois n’est pas coutume, suivons leur tendance …
Merlot-Garanoir
Vin rouge
Cépage : Merlot, Garanoir barriqués
Arômes : Charpentés, épicés, vanillés
Que dire quand le vin est bon ? et même très bon.
Il n’y a plus qu’à le débouchonner et l’aérer une heure avant de le servir avec le met principal, idéalement en sauce.
Ce sera pour cet hiver comme dans quelques années puisque c’est aussi un bon vin de garde.
Gamay
Vin rouge
Cépage : Gamay
Arômes : Fruité, épicé, rond
A ceux qui clament que le Gamay est simplement un vin de table, je ferai en sorte que la table de mes invités ne manque jamais de cette bouteille-ci.
A n’en pas douter, c’est un excellent gamay, fruité, intense et épicé, avec des arômes de cerises en début de bouche puis de pruneaux.
Il a de plus une bonne structure avec des tanins fins et accompagnera à merveille vos plateaux de charcuterie et fromages, vos grillades et vos mets à base de volaille.
Le QUIZZ avec Sarah
Visite au domaine le 18 novembre 2020: Interview de Sarah Meylan
Pour commencer, peux-tu te présenter et nous présenter le domaine ?
J’ai repris le domaine de la Vigne Blanche en 2014, de mon papa, mais ça fait plus d’une centaine d’années qu’on est là « en fermage ». C’est-à-dire qu’on n’est propriétaires ni des bâtiments, ni des terrains, mais ça fait quatre générations qu’on se passe le domaine.
C’est un domaine agricole et viticole, et par chance, mon papa a pris la voie viticole dans les années 70, alors qu’il avait encore des vaches laitières avec son père. Je pense qu’on ne serait probablement plus agriculteurs à l’heure actuelle si on était restés dans ce type d’activité, donc c’était la bonne aubaine !
Ça fait 50 ans maintenant que ce domaine est passé en domaine viticole. Il fait sept hectares et demi, c’est vraiment un domaine familial, ça nous permet de tout suivre : de la vigne à la bouteille. C’est ça qui me plaît, d’arriver à tout englober, à tout gérer, mais c’est tout petit ! Je travaille avec mon père, j’ai un employé à l’année et puis des stagiaires. J’aime bien former les jeunes, vu que quelque part, j’ai aussi eu la chance qu’on me forme à une certaine époque, donc j’ai toujours des stagiaires.
Voilà, c’est un domaine familial à taille suffisamment grande pour en vivre, mais suffisamment petit pour pouvoir tout gérer en famille.
Qu’est-ce qui t’a intéressée dans le métier de vigneronne ?
C’est vraiment toute la vie à la ferme. C’est vrai que notre métier, c’est de faire du vin, donc j’ai une formation d’œnologue, mais en dehors de ça… Mon père me disait : « Va faire autre chose, c’est pas un métier d’avenir, c’est dur… et si ça te plaît, tu y reviendras assez vite ». Donc moi je suis partie du côté diamétralement opposé, j’ai fait une année en HEC à Lausanne et c’était vraiment, vraiment pas fait pour moi. Je suis partie en me disant « plus de grandes tablées à douze, génial, je vais être toute seule dans ma chambre d’étudiante, la paix ! ». Je pense que ça a duré une semaine, et au bout de ça, je me suis dit « en fait, j’aime beaucoup les grandes tablées à douze ».
Donc c’est vraiment toute cette vie à la ferme. À l’heure du COVID, on est obligés de manger dans trois pièces différentes, mais on est toujours douze à manger à midi et j’adore ça ! Un matin on fait des livraisons, le lendemain on fait une dégustation, le troisième jour on va tailler, on transvase un vin, il n’y a pas deux jours pareils.
Qu’est-ce qui caractérise ton domaine ?
Ce qui le caractérise le plus, je dirais que c’est cette situation tout à fait particulière aux portes de la ville, entourés par des habitations, aussi bien des quartiers d’immeubles que des villas, et nous juste au milie… ça fait un peu le village Gaulois ! Il reste une seule ferme à Cologny, les fermes suivantes sont à plusieurs kilomètres. On est à deux arrêts de bus du centre-ville, tout en ayant gardé le bâtiment d’une ferme qui date de 1720. Tout a été grappillé autour, et il reste cette entité aux portes de la ville.
Tu es plutôt vin valaisan ou vin genevois ?
(Rires) Je suis vin suisse !
Pinot Noir ou Gamay ?
Des deux, Gamay, sûr !
Ça fait une vingtaine d’années qu’il y a une vraie dynamique qui se crée sur le canton de Genève concernant le vin genevois. À ton avis, ça vient de quoi ?
Ça vient des années difficiles ! On trouve des solutions quand on est tout au fond du trou, en général. Faut pas rêver, c’est ça : qu’est-ce qui fait que les gens se dépassent et essaient de trouver des solutions réelles, sans demi-mesure ? Dans les années 80, l’image du vignoble genevois était catastrophique, et une poignée de vignerons ont dit : « Il va falloir qu’on trouve une solution. On n’a pas de cépage indigène, on a climat qui, par chance, est idéal dans la mesure où on peut faire des vins qu’on trouve au Sud de la France comme des vins qu’on trouve en Allemagne. », et ils ont commencé à diversifier ! Mais il a fallu plus de quinze ans, je dirais, presque vingt ans, pour réussir à remonter l’image des vins genevois, et c’est ça qui a fait que, tout d’un coup c’est revenu.
Maintenant on se rend compte qu’il y a une sorte de deuxième vague : OK, on a diversifié, les gens se sont mis à connaître ces vins-là, et maintenant on est aidés par cette recherche du produit local. Au début, on a été aidés parce la qualité des vins a augmenté, maintenant, dans chaque cave il y a quelqu’un de formé qui sort d’une école, alors qu’avant c’était très empirique. On se passait les domaines de père en fils ou de père en fille, et en l’occurrence, maintenant, je crois qu’il n’y a pas un seul domaine à Genève où il n’y a pas quelqu’un qui sort d’une école d’œnologie ou de viticulture.
Est-ce tu penses que c’est également lié au fait qu’on vendait le vin au kilo aux caves coopératives genevoises et des cantons alentours ?
Alors ça, c’est valable pour toute l’agriculture. De tous temps, l’agriculture cherchait à produire plus. On cherchait à trouver les maïs qui faisaient les plus gros épis, les souches qui faisaient les plus grosses grappes… il y avait cette idée de grande quantité à produire. Il y avait ces canaux de spécialisation : on faisait de grandes cultures, des céréales, des pommes qui partaient aux centres collecteurs. Finalement, on s’est rendu compte en voyant la marge que le seul moyen de s’en sortir, c’est de faire les choses soi-même. Ceux qui livraient des kilos de raisins, après les vendanges, il n’y avait plus de travail. Ceux qui livraient la viande à de grandes coopératives, c’est pareil. Maintenant, le seul moyen de s’en sortir, c’est de piquer la marge que les autres se faisaient sur le dos des agriculteurs, que ce soit maraîchers, ceux qui font des œufs ou autre. Dans toutes les branches de l’agriculture, viticulture et œnologie comprises, en travaillant du début et jusqu’à la fin du produit, on peut s’en sortir. Ça devient beaucoup plus difficile si on vend en vrac, ou en gros au kilo. Ou alors il faut devenir très gros, mais en Suisse, très gros, ça ne veut rien dire, il n’y a pas de place !
D’ailleurs, si un confinement s’était produit de mars à mai il y a quinze ans, les gens auraient eu beaucoup de mal à trouver des produits frais. Il n’y avait pas un marché à la ferme à Genève, seulement un à Meinier et un à Versoix, c’est tout. Tout le monde livrait dans les coopératives, et il y a quinze ans, toutes ces associations qui commencent à faire des produits locaux n’existaient pas. C’est une grande chance qu’aujourd’hui on puisse, dans presque chaque ferme, acheter quelque chose.
Vous faites partie de l’affaire TourneRêve, qui ne font que des produits bio. Est-ce que vous faites du bio aussi ?
Je suis en bio depuis 2016, et dans les vignes, en biodynamie. Dans le panier TourneRêve, je fais du jus de raisin et de la farine. Mon mari, qui fait le même métier que moi, essaie plein de nouvelles choses, donc parfois, on appelle le panier « TourneFavre », parce qu’il y a son cousin, son oncle… (rires). Il essaie beaucoup plus de choses que moi, il fait du millet, de l’épeautre, des moutardes en association avec d’autres gens…
Mais moi, dans ce panier, je ne fais que du jus de raisin, du jus de pomme et de la farine. Pas de vins !
Comment vis-tu le métier de vigneronne en tant que femme ?
J’ai eu une chance folle, dont je me suis rendu compte plus tard, c’est que mes parents nous ont élevés de telle manière avec mon frère, que je n’ai jamais eu l’impression que quelque chose était impossible. Ça ne m’a même pas traversé l’esprit que je sois une fille et que je ne puisse pas faire telle ou telle chose. Je n’ai jamais entendu mes parents me dire « tu ne pourras pas faire ça parce que t’es une fille ». Jamais ! Pour moi, c’était possible de faire ça sans problème. Et quand j’ai rencontré mon mari, qui est exactement dans le même cas de figure que moi (domaine de plus de 300 ans, en fermage), on s’est dit que de gommer un domaine ou l’autre, ce serait dommage, car les deux ont une grande histoire. On ne pouvait pas vraiment se dire qu’on allait simplifier et faire un domaine pour les deux. L’avantage, c’est qu’entre les filles qui reprennent ces domaines, on est très soudées, il y a une grande solidarité entre vigneronnes. C’est impressionnant.
Comment as-tu rencontré ces autres vigneronnes ?
Ce qui a lié beaucoup d’entre nous, c’est qu’on a commencé à faire un bal à Dardagny, qui s’appelle « Le Bal des Vigneronnes », au mois de juillet. Ça nous a vraiment rapprochées, on se connaissait avant, mais maintenant, on est soudées. Il se passe rarement une journée sans qu’on s’écrive ! On est aussi dans les mêmes galères aux mêmes moments, et souvent, les filles ont tendance à se confier plus. Donc quand ça ne va pas ou qu’il y a trop, on va facilement vers les autres filles pour en parler. Comme on n’est pas beaucoup, et qu’on a généralement des parcours de vie qui sont assez proches, on fait connaissance très rapidement et on devient très vite amies. C’est une grande chance, ce n’est pas comme ça dans tous les milieux. Mais dans la viticulture, entre filles, on est hyper solidaires. Il y a même une association au niveau Suisse qui s’appelle « Les Artisanes du Vin », qui regroupe des vigneronnes de toute la Suisse. On en fait partie avec trois autres vigneronnes genevoises. C’est un joli maillage.